4 avr. 2020

LE NON CONFINEMENT DU SILENCE - L'EAU


   À présent, tout semble clair. Le matin, après avoir ouvert les rideaux de ma chambre, laisse les rayons de soleil pénétrer mon silence afin de colorer ma table blanche. Quelques feuilles éparses se délectent des caresses de l’astre du jour. Quelques mots se séparent de leurs pétales. L’eau, retenue par la bouteille, semble frémir d’impatience, prête à jaillir. Cette eau m’évoque un fluide verdâtre que je contemplais chez un ami, quelques années auparavant. Le fluide verdâtre, coulé sur une jarre altérée par le temps, traverse mon esprit et se greffe à tout mouvement. Je guette le moindre mouvement au cœur de ma chambre. Je guette aussi le moindre son. La bouteille d’eau se laisse elle aussi troubler par la verdeur du soleil. L’eau se permet de délivrer une valse. L’eau n’est point pétrifiée. Le poète français Eugène Guillevic affirma pourtant en avril 1976 à Per-Jakez Elias « qu’il n’y a rien de plus mystérieux que l’eau qui ne bouge pas ». Ce fut le salut du poète à Carnac. Le mien se fera à la première gorgée de ce fluide d’argent, si précieux en cette période de confinement. 


 © Charles Lechesnier

1 commentaire:

GillesGdeR a dit…

Magnifique ami Charles