20 févr. 2016

FRAGMENT 20/02/16

   On dit ineffable. Pourtant, on peut décrire un semblant de lumière et même un perturbé ruisseau qui laisse sur la berge l'écorce d'un platane tombé en désuétude. On esquisse. On tente d'esquisser un lointain sur une terre qui respire le silence. Près de soi, traîne aussi un vert abandonné par un liseron vêtu de mépris. Ce mépris, on l'ignore même lorsque l'on parvient à le lire derrière chaque sourire. De ce vert, on perçoit sa senteur. On remarque même ses rides. On remarquera son silence, bientôt.

6 févr. 2016

FRAGMENT 06/02/16

   On dirait un vent. Un vent léger. Une légèreté. Une fraîcheur. Sous un gris, il se fait une nostalgie vêtue d’une robe ambre. On la dit légère aussi. On laisse quelques arbres affalés. On les relève pourtant au lever de ce vent. Ce liquoreux vent se donne encore au vide perçu la veille. C’est un jour de plus trépassé. Le léger vent plonge peu à peu l’ambre lumière dans un long sommeil. Voit-on le jour par delà l’obscurité dressée. Le vent et le jour sont de l’ordre de l’ineffable. C’est pour cela qu’on les nomme “légèreté”.

1 févr. 2016

FRAGMENT 01/02/16

   Parler est un silence. Un vieux silence tombé en désuétude. Parler est un vent. Un vent que j’ai étreint avec un autre temps. Parler, c’est se taire avec la fissure du temps et de l’âme. Écouter est une parole dépourvue de vanité. Inhumain est celui qui laisse du sang sur un balcon tombé dans l’oubli. Ce balcon lointain, on peut très bien l’avoir vu saigner une nuit alors que le soleil était à son zénith. Parle-t-on du même soleil ? Parle-t-on du même zénith ?

FRAGMENT 01/02/16

   Je pétris. Je pétris les mots. Je pétris les mots avec cette illusion que tu as épousée. Corps et âme elle t’appartient. Loin des mots, loin des fleurs, je porte un semblant de bleu en mon âme. Je suis loin des mots, au désarroi d’un limon. Tout près, on exalte un roi déchu. Et ces mots, on les laisse près d’une chaise aux chevilles brisées. Je continue de pétrir les mots avec l’herbe du passé.