9 avr. 2020

LE NON CONFINEMENT DU SILENCE - LE MERLE

    Ce matin, l’image d’un merle croise le parfum de mon silence. Ma chambre elle-même se mêle au chant de l’oiseau. Certes, il n’y a pas de merle dans ma contrée mais l’évocation de l’émerveillement suffit pour dessiner sa silhouette sur l’armature de mon confinement. Peu à peu, j’ôte les grumeaux du doute de ma fenêtre pour goûter à la saveur du temps. Un temps si cher à Jean d’Ormesson. Cette saveur du temps que boit Christian Bobin et au cœur de laquelle se baigna le poète Eugène Guillevic. À travers mon silence non confiné, le merle chante et fait sa toilette dans une mare épurée. Je pourrais m’adresser à lui comme le fait Christian Bobin « Cher petit merle ». Je préfère observer la rétention de ma parole et faire connaissance avec ses ailes trempées. Il y a toujours l’image d’un merle qui s’offre à ceux et à celles qui cueillent la fleur de l’émerveillement. 

© Charles Lechesnier

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